Le scénario Oxygène

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Charles-Maxence Layet : Maxence Layet est journaliste et auteur scientifique, spécialiste des nouvelles technologies de l’énergie, santé et environnement électromagnétique. Auteur de nombreux ouvrages et documentaires, notamment « L’Energie secrète de l’Univers », « (...) Lire la biographie complète


Les savants en prennent conscience :
Les incendies à répétition, la déforestation à outrance et la pollution continuelle des océans mettent à mal les pompes à oxygène de notre planète.
Et si la vraie menace était le manque d’air ? Comment inverser la vapeur et remonter le taux d’oxygène ambiant ? Quels pistes pour agir dans les temps et désamorcer les possibles effets dominos avant qu’ils ne surviennent ?

LE SCÉNARIO OXYGENE

Des méga-incendies ravagent tous les ans maintenant des dizaines de milliers d’hectares en Russie, en Suède, au Canada, en Californie. Mais aussi le Portugal, l’Espagne, et la France aujourd’hui. Les forêts disparaissent, réduites en fumée. On estime, grâce aux relevés satellites, qu’au moins 800 000 hectares, cet été, ont brûlé uniquement en Europe. Des cathédrales végétales, uniques, vieilles de plusieurs siècles sont devenues cendres, sans un cri. La nature sait des choses que nous ne savons pas encore.

Et si les déficits d’oxygène marins, le manque de couvert végétal et la chute de la biomasse des sols entraînés sur terre par les incendies à répétition et les déforestations à outrance avaient, cumulés, enclenché, un terrible mécanisme : la disparition progressive de l’oxygène.

D’OÙ VIENT L’OXYGÈNE QUE NOUS RESPIRONS ?

Il vient tout d’abord de l’océan. Les savants estiment que 50 % à 70 % de notre oxygène planétaire est le produit du phytoplancton, plancton végétal qui baigne les eaux de surface de nos océans. Celui-ci se présente principalement sous la forme des cyanobactéries, des algues bleues de bactéries photosynthétiques qui ne représentent qu’une très faible proportion – estimée à 1 % - de la biomasse végétale terrestre.

Le plancton végétal est menacé tout d’abord par la température de l’eau. Une variation de quelques degrés peut bloquer le processus de photosynthèse, les eaux chaudes empêchant l’oxygène d’atteindre les profondeurs. Il est également mis à mal par le rejet massif de matière organique dans les estuaires et les zones côtières. Engrais, résidus médicamenteux, métaux lourds, perturbateurs endocriniens…

Aujourd’hui, les scientifiques alertent sur une nouvelle menace : les substances toxiques des plastiques en décomposition dans les océans perturberaient la capacité photosynthétique de la bactérie Prochlorococcus, un maillon essentiel de la respiration de la planète. 10 % de l’oxygène que nous inspirons provient de l’activité de cette bactérie photosynthétique, la plus abondante sous l’eau.

EFFET COCKTAIL

L’atmosphère et la mer sont nos principaux réservoirs d’oxygène de la planète. Les incendies réduisent ces quantités emmagasinées, de même que la diminution du nombre de plantes réduit la capacité de production d’oxygène terrestre.

Selon le Global Ocean Oxygen Network, un groupe de travail créé en 2016 par la Commission océanographique intergouvernementale de l’Unesco, l’océan a perdu 2 % de son oxygène depuis 50 ans.

Depuis 1989, des enregistrements précis des concentrations gazeuses atmosphériques ont lieu au sein de différentes stations du Scripps Institute Oxygen Program, afin de suivre les concentrations globales de CO2 et d’oxygène. Selon l’institut Scripps, la concentration d’oxygène baisse actuellement chaque année d’environ 4 ppm par an.

LA GRANDE ASPHYXIE ?

Il existe évidemment un lien très fort entre notre combustion effrénée des énergies fossiles et les concentrations d’oxygène et de CO2 dans l’air. L’emballement de l’effet de serre pourrait provoquer une baisse catastrophique des capacités de photosynthèse de l’océan, nous privant de notre première et principale source d’oxygène.

« Bien que le déclin actuel en O2 ne représente pas une menace importante pour la santé humaine dans le proche avenir et soit insignifiant comparé aux effets du changement climatique, le taux de diminution observé est beaucoup plus rapide (environ 40 fois) que celui observé lors de l’extinction massive du Permien, » observait ainsi un scientifique en 2018.

Et si la vraie menace n’avait rien à voir avec le CO2 et le changement climatique, mais découlait de l’empoisonnement chronique des eaux et de la volonté irrépressible des certains êtres humains d’étendre l’emprise de l’homme sur les terres ?

Et si la vraie menace était le manque d’air ?
L’étouffement du monde à l’horizon de quelques siècles ?
La grande asphyxie ?

Comment inverser la vapeur et remonter le taux d’oxygène de la planète ? Comment changer d’échelle et obtenir un impact réel, global et durable ? Quels pistes pour agir dans les temps et désamorcer les effets domino potentiels avant qu’ils ne surviennent ?

Cette conférence du journaliste scientifique Charles-Maxence Layet explorera les enseignements et les conséquences de ce scénario tendanciel, abordera les limites planétaires et ce que nous en savons, et voyagera tant aux temps paléoclimatiques qu’aux confins intimes de la photosynthèse et des secrets physiologiques du vivant. Et proposera enfin, surtout, en l’état, les options à notre disposition pour nous extraire de cette suffocation ambiante.

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