Cités a.temporelles
Jérôme Signori et Philippe Brizon
avec
Philippe Brizon :
Créateur de l’agora, lieu de culture pour accompagner les mutations.
« Quitter les grands groupes était devenu une nécessité pour moi, créer un lieu porteur de sens, un besoin », dit Philippe Brizon.
De formation HEC, il se tourna vers les métiers de (...) Lire la biographie complète
Jérôme Signori :
Dessinateur, responsable de la mise en œuvre en tant que directeur artistique de longs métrages, de scènes théâtrales et de plateaux de télévision, Jérôme Signori est né à Paris en 1962, il suivra de 1980 à 1984 un enseignement artistique à l’école rue (...) Lire la biographie complète
Jérôme Signori dessine la ville antérieure, présente et future. En contrepoint, Philippe Brizon photographie la ville actuelle.
Vernissage le jeudi 18 Mai 2017 de 18h à 21h en présence des artistes.
Le premier évoque un temps parallèle. À travers ses dessins, il montre une vision de la ville qui revêt d’un certain imaginaire. La notion de temps est indistincte, on ne peut la définir comme appartenant à une certaine époque. Le second, lui, présente un temps actuel, des détails qu’on ne peut définir ou temporaliser. Il laisse les objets, sujets venir à lui, se faire photographier et les garde tels qu’ils sont naturellement.
"Cités a.temporelles" est la résultante de cette double vision. Un ensemble de dessins et de photographies qui se répondent, s’assimilent et se complètent.
Jérome Signori installé en Suède depuis 1991 est dessinateur et directeur artistique de longs métrages, de scènes théâtrales et de plateaux de télévision.
Philippe Brizon a fait de l’entrepôt une biosphère culturelle, il est photographe, consultant et entrepreneur.
Interview à propos de cette exposition :
- Q : Philippe Brizon, la première question qui vient naturellement aux lèvres est : "Qu’est-ce qui vous a incité à mettre en place cette exposition ?
- PB : Comme toujours, on y verra tout d’abord le jeu des synchronicités à l’œuvre à l’Entrepôt… Ilio Signori, sculpteur, a exposé dans la galerie avec sa compagne Michèle Goalard. Le fils d’Ilio, Jérôme Signori, qui était présent, m’a dit : "J’ai peut-être quelque chose à vous proposer également"… Il habite la Suède où il s’occupe de décors de théâtre. Deux années ont passé et puis il est venu me montrer son travail. Ce sont des dessins et ce qui est intéressant avec ces dessins, c’est qu’ils évoquent des villes dont on ne sait si elles appartiennent au passé, au présent ou au futur… Je lui ai dit : "Bon, c’est O.K." et puis , en regardant ses dessins, je me suis dit qu’il manquait un contre-point de la ville actuelle… Du coup, je me suis senti interpellé et je me suis dit : "Il faut que je fasse des photos, que je retrouve certaines photos dans ma photothèque correspondant à ce thème… Finalement, j’ai abouti à trois séries de photos, l’une autour de l’intrication c’est à dire des nuages qui rentrent dans des façades, des choses comme cela, une deuxième autour de la perspective et puis, comme nous voguions dans l’utopie, une dernière série traitant de la ménagerie…
- Q : Pourquoi la ménagerie ?
- PB : Le mot m’est venu après, après la synthèse que j’ai faite à partir des photos d’animaux emballés, qui étaient sur le bord de scène, de bétonneuses qui se bécotent, à la Fnac, il y a un ravalement avec la reproduction d’un zoo se reflétant dans la façade de la rue de Rennes ! Là, il y a quelque chose qui est aussi hors du temps…
- Q : Une conception que l’on retrouve dans votre photographie en général, à savoir qu’il y a toujours quelque chose qui apparaît en filigrane et qui est de nature poétique… Pour cette exposition, comment vous y êtes vous pris pour aborder ces photos...
- PB : D’une manière générale, je ne prends pas de photos. C’est Jean Baudrillard qui écrivait que "l’objet ou le sujet a envie de sortir de l’anonymat car nous ne sommes que un mais aussi parce que tout est relié, il y a des objets qui me font "Coucou, Philippe !" et à ce moment là, moi qui emporte toujours mon appareil photo avec moi, si je suis à l’écoute ce jour là, je sors mon appareil photo, et je prends le sujet qui est "présent"… et moi, ce qui m’intéresse dans la photo, c’est justement de prendre des sujets présents, j’aime bien l’art abstrait alors si la photo va vers l’abstraction, cela me séduit même si dans le cadre de la ville, cela l’est un petit peu moins par rapport à cette exposition où effectivement, la poésie joue un grand rôle, pour "donner vie" ( j’ai pris une photo de la Tour Eiffel mais il se trouvait que ce jour là, j’étais près du théâtre de la société théosophique ; il y a des bâtiments anciens, des nuages et c’est comme cela que la photo a atterri dans la boite ! ).
Je n’aime pas retoucher une photo, je la prends, elle est définitive à l’exception du tirage qui nécessite de retravailler les contrastes en fonction du type de papier ou d’imprimante…
- Q : Vous dîtes toujours que vous n’êtes pas un photographe professionnel et pourtant, on retrouve dans vos photos la même recherche ou inclination qu’un Edouard Boubat ou un Henri Cartier-Bresson par exemple…
- PB : Je ne suis pas un photographe professionnel signifie que je ne pars pas en "reportage"… même si une année, je me suis dit "tous les jours je prends une photo". Alors, c’est vrai que c’est un partage permanent et c’est d’ailleurs pour cette raison que j’ai toujours un petit appareil photo de qualité dans ma poche, présent en permanence…
- Q : Un reporter sans l’être, en quelque sorte…
- PB : Voilà ! Un reporter sans l’être mais en sachant qu’on est toujours "reporter de la vie", qu’on est acteur de la vie, on fait partie de cet univers mais on ne le devine pas non plus… Alors, le côté amusant de cette exposition, une fois que les photos et les dessins avaient été rassemblés, ce fut quel titre allait s’imposer à nous ? Que cela soit la ville, la cité et puis est arrivé antérieur, futur, présent puis finalement c’est atemporel qui s’est imposé, non pas intemporel… ce qui résumait bien l’exposition, avec un titre court et surtout, qui pouvait véhiculer l’idée qu’il n’existe ni futur ni présent ni passé mais que tout cela procède d’un seul et même continuum d’énergie au sein de l’espace/temps !
- Q : C’est bien que le patron de l’Entrepôt ne soit pas seulement un gestionnaire mais également un artiste, finalement ?
- PB : Il peut s’avérer difficile d’être à la fois le patron d’un lieu et d’oser en même temps présenter ses photos mais je reconnais que cela me procure une satisfaction esthétique, d’une part, et d’autre part la joie de partager mon œuvre avec un autre artiste de talent…
Propos recueillis par Serge Mairet
http://signoristudios.com
http://www.lentrepot.fr/Philippe-Brizon.html